2 – Comment choisir le thème de son premier court-métrage ?
Tout d’abord, revenons à l’essence même du cinéma. Avant de commencer faire quoi que se soit posez vous la question : j’ai quelque chose à dire à des milliers de gens ? Quelque chose qui pourra intéresser plus d’une seule personne qui est ma propre personne ? Stanislavski disait qu’il faut «Être plus grand que sa propre douleur ». Ce qu’il voulait dire par là, qu’il faut penser si le problème qui vous tracasse en ce moment à tel point que vous vous décidez en faire un film et partager votre souffrance avec le monde entier, peut intéresser autant votre prochain, connu ou inconnu. Si vous pouvez regarder la question principale que vous traitez dans votre film d’un regard plus large, en vous mettant « plus haut que votre problème ». Cela est souvent très difficile à faire, car si vous êtes pris par le tourment d’une idée artistique, il vous semble que le monde entier va tourner autour de votre seule et géniale idée. Mais le monde tourne autour de soi même, et pas autour de vous et votre idée. Donc, il est déjà difficile avoir une idée, la bercer, la faire grandir, mais il faut encore comprendre, si elle sera intéressante pour les autres.
Un astuce : essayez à imaginez, que vous présentez votre idée dans un journal télévisé ou vous faites une émission dédiée à votre thème choisie. Quels mots vous choisiriez pour la présenter au grand public ? Vous parlerez facilement ou avec beaucoup de retenu, avec aisance ou non ? A qui vous vous adresseriez en parlant ? Imaginez en ce moment vos auditeurs : Qui ils sont ? Leur age, leur appartenance culturelle, leur univers des loisirs ? Vous arrivez les imaginer ? C’est déjà un bon pas en avant. Si vous n’arrivez pas à imaginer votre public, c’est que vous ne le connaissez pas ou vous ne lui donner même pas la place d’existence possible. Repensez alors votre idée, essayez de la tourner autrement. En ajoutant ou suppriment des personnages, en mettant un accent sur une autre chose.
Pour l’instant on ne parle même pas de la construction du scénario, on avait dit, qu’on en reviendra plus tard. On parle de la naissance d’une idée, au moment où vous êtes encore totalement libre de tout changer et prendre tout à fait une nouvelle direction. Qu’est ce que c’est une idée : c’est « de quoi je vais parler dans mon futur film ? »
On aborde cette question au début, car très souvent on voit des films finis, qui ont même coûté une certaine somme d’argent à ses créateurs, qui, a priori, n’ont même pas pour eux même, qui ont mobilisé une équipe de jeunes collaborateurs, mais en les regardant on sent que le créateur ne savait pas parfaitement pourquoi il faisait ce film. On sent qu’il le faisait pour lui même, pour son désir égoïste, pour le désir de verser ses idées sur le monde, mais sans imaginer une seconde que quelqu’un le verra par la suite. L’idée même d’un spectateur devait l’effrayer profondément.
Tandis que c’est tout à fait le contraire, on crée un film pour qu’il soit vu, et vu par un grand nombre de gens. Et le créateur du film en ce cas là et en avance de son public, il le connaît très bien, il sait ce qu’il aime, ce que l’énerve et il fait ses choix. Soit il décide d’aller dans le sens des goûts de son public, soit il décide de le bousculer, le provoquer, en tous les cas il essaye établir un dialogue. Et pas avec un interlocuteur imaginaire, non, avec des gens concrets, qu’il connaît, à qui il peut adresser la parole.
Dans ce cas là, quand un film a un destinataire, il arrivera à l’atteindre. Il touchera le cœur du public, même dans le cas où les goûts du public et de l’auteur sont diamétralement opposés par leurs croyances, leurs cultures, les habitudes visuelles et musicales. Il sentira qu’on lui parle, qu’on s’adresse à lui, pour qu’il forme sa propre opinion et il répondra, par un accord ou désaccord, mais il répondra assurément.
C’est pour cela que les gens vont au cinéma, surtout pour voir le cinéma jeune et novateur. Premièrement, pour découvrir les idées nouvelles et sincères que peut proposer tout nouveau auteur, et ensuite, et pas de moindre importance, les directions de ses idées vers un interlocuteur, donc lui, le public.
Un sélectionneur du festival, lui aussi, il fait partie du public au sens large, lui aussi a besoin de sentir se dialogue installé entre lui et l’auteur. S’il le ressent, il se dit que les gens à qui il proposera ces films, eux ils le sentiront aussi par la suite. Et il prend le film. C’est aussi simple que ça !